Aujourd’hui en France, sous un
gouvernement dit « socialiste », on peut continuer d’accabler publiquement les plus démunis, en toute impunité, comme aux pires heures de la
précédente mandature. L’amour dont on drape les Marchés, et l'opprobre qu'on fait peser sur les chômeurs, les
précaires, les pauvres ne sont pas sans rappeler l’outrance d’un Séguéla
(« Si on n’a pas de Rolex à 50 ans, on a raté sa vie ») ou d’un Copé
(« ces minables qui gagnent moins de 5000 euros par mois »). Comme hier, on flatte la Finance et on stigmatise les faibles ; on veut « contrôler » les chômeurs, limiter « l’assistanat »,
bref semer la division, la suspicion et renforcer la déprime générale. L’actuelle
chasse au chômeur-fraudeur, ce parasite coupable de tous les maux, apporte une
cruelle crédibilité aux propos de madame Trierweiler (Hollande parlant des « sans-dents »).
On entre en plein dans le « racisme » anti-pauvres, ou discrimination
en fonction de l’appartenance sociale. Sans que les discriminés ne puissent se
défendre.
La discrimination sociale n’est effectivement
pas reconnue comme un délit. Ce à quoi se propose de remédier le mouvement ATD
Quart Monde dans un texte que je cite ici : « Plusieurs traités internationaux reconnaissent la
« fortune » et l’« origine sociale » comme
causes de discrimination. La Belgique et le Canada ont déjà reconnu ces
critères dans leur législation. Ainsi, au Canada, des tribunaux ont condamné
des propriétaires qui avaient refusé de louer un appartement à des individus
bénéficiaires des allocations de l’État. Une discrimination liée au fait que
l’insolvabilité du locataire n’a pas été vérifiée mais présumée sur la base de son
statut de « bénéficiaire des aides d’État ». En Angleterre, le mot Povertyism (racisme anti-pauvres) est
entré dans le langage courant. »
ATD rapporte également plusieurs exemples de stigmatisation subie
au quotidien, même à l'école, tant s’est généralisée la haine : « Des parents décrivent l’expérience d’humiliation
vécue par leurs enfants du fait d’être mal habillés. Le personnel de
la cantine leur parle de la « paresse » de leurs parents tandis que les professeurs tolèrent le
harcèlement fait par les copains d’école. » (Cela évoque irrésistiblement un certain maire FN…)
En France, nous ne supportons pas – à juste titre – que des
individus puissent être montrés du doigt en raison de leur appartenance ethnique
ou religieuse, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Le « racisme »
anti-pauvres, lui, est toléré et régulièrement pratiqué par des politiciens et
des médias qui n’hésitent pas à en faire leur fonds de commerce.
La pénalisation de cette discrimination peut paraître disproportionnée. Comme l’est la discrimination elle-même. Il serait en tous les cas heureux que le débat sur la 6ème République – que nous appelons de nos vœux – se saisisse aussi de cette question douloureusement actuelle, qui est un symptôme d’une société désunie, déliquescente. Ne serait-ce que pour démasquer et dénoncer les calomniateurs officiels qui agissent dans l’impunité…
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